Le CDG Express n’est plus un projet lointain. Ce train direct entre la gare de l’Est et l’aéroport Paris-Charles de Gaulle promet une liaison de 20 minutes, sans arrêt, avec un départ toutes les quinze minutes. Prévu pour mars 2027, ce chantier colossal mobilise déjà plus de 1,5 milliard d’euros et modernise l’axe ferroviaire nord de l’Île-de-France. Cependant, derrière cette ambition se cachent des défis techniques, des polémiques concernant son coût et une promesse écologique à tenir.
Le CDG Express modernise l’infrastructure ferroviaire francilienne
Avec 43 kilomètres de voies régénérées, 33 kilomètres de caténaires rénovés et le remplacement de ponts datant du XIXᵉ siècle, le CDG Express incarne une métamorphose technologique. « Il s’agit de remplacer des ouvrages métalliques bruyants par un pont unique, moins sonore et mieux intégré », explique Grégoire Marlot, directeur général du gestionnaire d’infrastructure. Les travaux incluent aussi un tunnel sous les pistes de l’aéroport et des installations de retournement à Aulnay-sous-Bois ou au Bourget afin de fluidifier la circulation.

La prouesse technique réside dans l’articulation des chantiers avec les opérations existantes. « Nous optimisons les coupures de ligne pour limiter leur impact sur les voyageurs », précise Alexandra Locquet, présidente du projet. Résultat : 80 % des travaux sont déjà achevés, malgré la complexité des zones urbaines traversées, comme la Porte de la Chapelle à Paris, où un nouvel ouvrage réduira le bruit de 10 dB dès 2023.
Un projet écologique ou un « train des riches » ?
Le CDG Express se présente comme un levier de transition écologique. Selon ses promoteurs, il permettra de réduire de 330 000 tonnes les émissions de CO₂ sur 50 ans en diminuant la part des voitures individuelles (56 % aujourd’hui contre 40 % après sa mise en service). « Chaque jour, 55 000 véhicules circulent vers CDG. Le train offre une alternative propre », insiste un rapport du groupe ADP.
Pourtant, le billet annoncé à 24 € suscite des critiques. Des associations dénoncent un « train des riches », inaccessible pour une partie des usagers. Même les détenteurs d’un passe Navigo devront payer un supplément. « La rentabilité du projet repose sur un public aisé, notamment les voyageurs d’affaires », analyse un expert du transport. Patrice Schmitt, directeur du CDG Express à SNCF Réseau, défend ce choix : « Le tarif reflète la qualité du service : rapidité, fiabilité et confort adapté aux bagages. »
Quel sera l’impact pour le RER B et les Franciliens ?
Le CDG Express n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une modernisation globale de l’axe nord, qui bénéficiera indirectement au RER B. « Le RER B retrouvera sa vocation première : transporter les voyageurs du quotidien », souligne Alexandra Locquet. Concrètement, les travaux incluent le renouvellement du ballast, des voies et des systèmes de signalisation sur des sections partagées.
Cependant, cette cohabitation génère aussi des tensions. Certains usagers redoutent des retards pendant les travaux, tandis que des élus s’interrogent sur la priorité donnée à une ligne premium. « Le CDG Express ne doit pas cannibaliser les investissements nécessaires pour le RER B », alerte un responsable syndical. SNCF Réseau assure que les deux lignes sont complémentaires et que la saturation actuelle des transports justifie cette diversification.
Une vitrine technologique pour l’Île-de-France
Avec 2 400 emplois créés pendant la construction et 300 postes permanents, le CDG Express stimule l’économie locale. « Les grandes infrastructures ont un effet multiplicateur sur les territoires », rappelle une étude KPMG citée dans le dossier de presse. L’aéroport Charles de Gaulle, déjà connecté à la future ligne 17 du Grand Paris Express, deviendra un hub multimodal d’ici 2030.
Pour les entreprises, cette liaison directe renforce l’attractivité de Paris. « C’est un argument pour les implantations internationales », estime Grégoire Marlot. Les voyageurs étrangers, habitués à des navettes aéroportuaires efficaces comme à Tokyo ou Londres, trouveront ici un service comparable. Reste à concilier ambition technologique et accessibilité, dans une région où les inégalités de mobilité persistent.
Le CDG Express a pour objectif de transformer les déplacements vers Roissy avec une liaison rapide et écologique. Malgré les critiques sur son coût, il modernise les infrastructures et pourrait inspirer d’autres projets. Son succès dépendra de sa capacité à allier performance technologique et équité sociale.